« La manière propre à notre lignée de transmission requiert que le bras exprime sa puissance par l’extension et le relâchement, par un ample déploiement. Plus encore, la fréquentation des maîtres m’a révélé qu’un cœur débordant d’orgueil nous éloigne de la Voie, que ce qui n’est pas étude sincère est une réelle dispersion. À leur côté, j’ai compris que la force est soumise à un impératif de justice, voire de justesse, et qu’en ce sens, l’excès aboutit inexorablement à une culbute qui mène à son opposé, le défaut, la faiblesse, et que le reste, la pierre qui fut rejetée, est un germe de fécondité. Intérieurement, je dois veiller à renverser la cause de ma vanité et élever ce qui en moi est cause d’humilité. Par les gestes circulaires que je fais chaque jour au dojo, par ces techniques de renversement, de soulèvement et d’abaissement, j’œuvre au dehors par des processus qui opèrent au dedans, selon l’imitation et la contagion. Dans la pratique, je trouve à combler les manques et à éroder les contentements trop rapides. » Le voyage d’un maître, entre Ciel et Terre, p.266-267