« Dans une abbaye dont j’ai perdu le nom, dans une salle à l’acoustique unique, ressentant les courants sonores qui l’enveloppaient, Noro senseï fut subjugué par le mouvement quasi tactile du son. À cet instant, il se redressa et, les jambes fortement campées au sol, il leva ses bras, se laissant aller au passage du souffle. Tel une eau vive, le son éveilla en lui un élan qu’il souhaita toujours nous transmettre. Pour ma part, cette aspérité dans le champ de la recherche me remet en mémoire अवलोकितेश्वरAvalokiteshvara en sanscrit, 觀音Kuanyin en chinois et Kannon en japonais : Celle qui contemple le son du Monde.

Lorsque je m’égare dans le labyrinthe d’un exercice et que ma vue ne suffit plus, je me tourne vers ce qui sans être visible, m’entoure, présent mais toujours sur le départ. Le son raconte ce qui échappe à l’inattentif, nage sous la surface de la conscience et, à la fois, révèle la moindre fêlure ou, au contraire, affirme l’unité opérante de l’énoncé. Un cours, c’est une voix, une écoute et l’attention qui assemble les deux. Le son du cours m’a toujours guidé. » Le voyage d’un maître, entre Ciel et Terre, p136