6 août 2022

NORO Masamichi

Souvenirs…

Avant toutes choses, quelques mots sur mon (modeste !) parcours dans les arts martiaux.

J’ai commencé par le Judo (et le Jiu Jitsu « classique »), à dix-huit ans, dans l’intention bien arrêtée de devenir plus efficace en combat réel. C’était dans le but de pouvoir mieux protéger les victimes potentielles des prédateurs de toutes sortes, chose que j’avais entreprise lors de ma scolarité, ne pouvant pas accepter les injustices (harcèlement, brutalité, etc.). J’avais acquis une certaine expérience fort utile mais aussi constaté les limites de celle-ci. D’où, en conséquence, ma décision d’étudier les arts martiaux.

Mais, là aussi, certaines limites sont apparues et quand l’opportunité s’est présentée à l’occasion de la création d’une section Aïkido au sein de mon club d’appartenance (le Cercle de Judo Orléanais) d’étoffer mes connaissances, je ne l’ai pas manquée !

Cette section était menée par deux professeurs, élèves directs de NORO Masamichi dont ils allaient suivre l’enseignement à Paris. Nous étions une poignée de pratiquants et, à partir du 2ème Kyu (6 décembre 1966), sur leur proposition, nous sommes allés, le plus souvent possible, à l’Aïkikaï de Paris (4 rue Constance, derrière le Moulin Rouge) suivre les cours de NORO Senseï.

Accessoirement, j’ai poursuivi mes recherches et, par la suite, complété mes connaissances par le Karaté (Shotokaï puis Shotokan), le Viet Vo Dao, le Kendo et, même, la boxe anglaise, la Savate boxe française, la lutte libre, le Sambo russe, etc.

Pour revenir à Maître NORO, nous avons immédiatement été impressionnés (le mot est faible) par son aura, sa puissance incroyable, sa vitesse, et nous avons compris que l’Aïkido était un art hors du commun.

Sauf erreur, à la suite de son terrible accident, il avait, comme souvent au Japon, changé son prénom, de Masamitsu en Masamichi, considérant sans doute qu’étant passé près de la mort, il commençait une nouvelle vie…

Nous avons pratiqué aussi assidûment que possible (nous habitions et travaillions à Orléans) en venant à Paris, à trois ou quatre, tous les week-ends et lors de stage (vacances de Pâques, par exemple) et NORO Senseï nous a, de lui-même et sans examen spécifique, décernés nos grades (jusqu’au 2ème Dan) au fil des ans.

Je me souviens, en particulier, d’un stage de Pâques, sous sa direction (en hakama blanc), avec la présence et l’intervention d’un nombre exceptionnel de grands experts (pratiquement les délégués de l’Aïkikaï, pour tous les pays d’Europe), à savoir les Maîtres Asaï, Chiba, Nakazono, Tada, Tamura, Toheï et (il me semble) Yamada, excusez du peu…avec André NOCQUET, en spectateur.

Nous avons, par ailleurs, cotoyé, à Paris, des pratiquants connus : Gérard MAJAX (le magicien), Roland MAROTEAUX (qui a créé sa propre méthode depuis…), Michel BECART, etc.

Nos professeurs ayant dû cesser d’enseigner pour des raisons professionnelles, nous avons, tout naturellement, pris le relais et enseigné dans différents dojos de la région orléanaise (lorsqu’un Brevet d’Etat option Aïkido a été créé nous l’avons obtenu automatiquement, par équivalence).

C’est alors que nous avons constaté, avec regret et un peu de déception, l’évolution de l’art de NORO Senseï, du Yang (Yo) vers le Yin (In), comme vous le définissez.

En effet, l’aspect dynamique et efficace (surtout pour moi, voir supra) de la pratique initiale était essentiel pour nous et, à notre grand regret, nous avons pris un peu de distance avec l’enseignement de NORO Senseï. Nous avons bien tenté d’en parler avec lui mais sans résultat. Il comprenait notre point de vue mais…Nous sommes resté en excellent terme avec lui, bien entendu. Nous percevions ce qui allait devenir le Ki No Michi comme une sorte de « cocktail » (ce n’est pas péjoratif !) de Taï Chi Chuan, de Yoga et de stretching, bien loin de l’Art Martial qui nous avait séduit. Nous avons poursuivi l’Aïki avec d’autres (TAMURA Nobuyoshi notamment) mais sans retrouver, quelle que soit leur valeur, les mêmes sensations ni la même dimension.

Pour conclure, à titre personnel et sans vouloir en faire une méthode, j’étais parvenu à réaliser une sorte de synthèse des techniques de combat les plus efficaces (pour moi du moins), une sorte de Krav Maga avant l’heure…ce qui a été fort utile pour protéger de possibles victimes (et moi-même, personne ne m’ayant jamais battu en combat réel). Maintenant, la vie professionnelle m’a obligé à cesser l’enseignement, et même la pratique. J’ai vieilli mais ça fonctionne toujours, apparemment et, à notre époque, ce n’est pas négligeable.

La rencontre avec Maître NORO restera inoubliable quels qu’aient été ses choix et notre admiration restera éternelle.

                                                                           Jean-Charles JOSEPH senseï