J’ouvre cet espace pour rencontrer mes lecteurs et pour faire mieux connaître l’œuvre de Noro Masamichi senseï, maître d’Aïkido et créateur du Kinomichi.

Ce livre est le fruit de 50 ans de pratique des arts martiaux japonais et chinois. Nourrie de la fréquentation des bibliothèques, des dojos et des montagnes, ma réflexion s’étend au-delà des limites conventionnelles, puisant à l’Orient comme à l’Occident, à la pensée écrite comme au verbe nomade.

J’ai eu la chance de recevoir les leçons de maîtres japonais et chinois, d’entendre les histoires cueillies dans le Delta du Mékong et sur les Hauts Plateaux de la cordillère annami­tique de Truong Son. J’ai sué et persévéré dans les exercices puis un jour, j’ai souhaité écrire. Ces textes, je ne les ai pas pensés, ils sont sortis de ma main. J’ai découvert que non seulement ma main saisit, pousse et conduit mais qu’encore elle pense et imagine. Comme son propre geste peut surprendre le pratiquant, comme sa toile peut étonner le peintre, ce livre m’a pris au dépourvu.

L’objet sorti de l’imprimerie a été pour moi un sujet d’émerveillement. Il est littéralement né de ma pratique, de la leçon observée et entendue, mûrie et ingérée. Aujourd’hui, parce que je ne sais pas par quel processus inconscient il est parvenu dans mes mains, il me provoque et m’émeut. Ma pudeur me murmure que j’ai trop révélé. Mon souhait est qu’il ravira le lecteur. Mon avis est qu’il déroutera certains. Je me réjouis des deux car ainsi il échappera à l’indifférence.

Feuilletant les pages du livre et scrutant le texte, cherchant le nom de la personne, du maître, du senseï, je m’aperçois que j’ai peu évoqué le personnage, l’homme public, son prestige. La raison est que ce livre est dédié à l’étude, à l’enseignement transmis, à la leçon appliquée. Noro Masamichi senseï n’aurait pas voulu de mes compliments, de mon adoration, de mes flatteries. Comme nous tous, il y était sensible mais il tenait cette faiblesse en horreur. Je me suis voulu étudiant et surtout pas courtisan. Si je le cite, si je le décris, si je le situe dans sa culture et son temps, c’est pour mieux illustrer la chose qui lui importa jusqu’au bout : la leçon de son maître, Ueshiba Moriheï senseï.

Je suis heureux de partager avec vous ce livre. J’espère que vous y trouverez matière à réflexion. Bonne dégustation ! Bonne pratique !