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« Toutefois, je considère que l’art du maître est plus qu’un objet pédagogique. Pour retrouver ce qu’il nous fit vivre dans le dojo, je propose d’examiner 3 joyaux : le soke, la leçon et la communauté des pratiquants. Par l’unité des 3, le dojo accueille la présence pleine du maître fondateur. Pour Noro Masamichi senseï, «Il faut sortir mon art du dojo» et je rajoute «Il faut vite faire revenir l’étude au dojo.» Il n’y a nulle opposition entre l’aller et le retour. Il y a continuité, la première proposition appelant la seconde, la seconde invitant à la première. En Orient, la contradiction ne se conçoit pas comme un dilemme, elle est une invitation à sa résolution. » Le voyage d’un maître, entre Ciel et Terre, p199-200

Auto-édition, mon aventure

J’ai écrit des notes de voyage sur une période d’un an. Cela a produit ce livre qui part maintenant à la rencontre de ses lecteurs. Ces notes sont devenues un carnet que j’ai vite oublié sur une étagère. À la recherche d’un autre ouvrage, je l’ai retrouvé en compagnie d’un autre manuscrit relatant une année vouée au Dokkodo de Musashi. J’ai retravaillé la forme, débusqué les fautes, demandé à des amis et à des connaissances de le lire pour me ensuite faire des suggestions.

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Au revoir

« Trois jours avant, Noro Takeharu senseï m’a appelé. Nous parlâmes brièvement. En raccrochant, je savais que j’entrais dans une nouvelle phase de mon étude. Je comprenais que j’allais passer d’un support physique du maître au support psychique ; que dorénavant, il m’apostropherait dans un murmure inaudible à autrui ; qu’il me soufflerait au plus intime de la leçon, dans mon sommeil, au moment de ma plus innocente inattention. Mon lien au maître opérait un changement que je n’avais pas imaginé si proche, si tôt. » Le voyage d’un maître, entre Ciel et Terre, p204

Faire grand

Noro senseï nous enjoignait de faire grand. Parlait-il uniquement du geste ?

Devant la réaction positive de ses élèves à la publication de mon livre, en lisant leurs encouragements, j’entends un autre sens à sa parole. Il nous invitait à nous élever et à élever notre point de vue. De haut et de loin, nous rétrécissons, nous rapetissons et nous nous rapprochons. Je le vois quand je pars en montagne. De haut, les maisons deviennent minuscules et le village se resserre. De loin, les divisions semblent mesquines. Au regard du Ciel et de la Terre, les différences apparaissent infimes. Par sa nomenclature technique, par l’appellation de ses mouvements, Noro senseï nous situait entre Ciel et Terre. À cette aune, nous devons trouver la juste place, la nôtre et celle des autres, Frères sous un même Ciel.

Face au feu, les voisins s’unissent. Devant l’inondation, les chamailleries s’interrompent. Dans la tempête, hommes et bêtes, loup et chevreuil, tous partagent un même abri. Au cœur d’une pandémie, retrouvons le sens de l’essentiel. Retrouvons-nous. Grandissons-nous. Répondons au vœu de notre senseï : « Faites grand. »

Aux élèves de Noro senseï

Je publie un livre sur le voyage de Maître Noro, sur la manière dont l’art de son maître est venu en Occident, sur mon propre voyage dans cette discipline.

A la fois récits, analyses, fictions, mon texte parcourt 40 ans au dojo. J’ai essayé de rendre vivante la présence du maître. J’espère y être parvenu par moments.

Nous avons partagé ensemble ces instants trop vite passés. Nous pouvons encore reconnaître l’unité de ses élèves, c’était son souhait.

J’ai écrit ce livre pour moi, pour me libérer d’une dette vis-à-vis de mon maître.

Je l’ai écrit pour Noro senseï car une partie de son enseignement ne passe pas assez pendant le cours, faute de temps.

Je l’ai écrit pour vous car je sais qu’il vous manque et que la leçon ne suffit pas toujours à le retrouver.

Je vous adresse ces mots parce que la pratique de son art suppose qu’on perçoive en l’autre plus que ses manques, que tout simplement l’autre nous manque car il nous complète.

J’espère vous procurer un plaisir de lecture à la hauteur de ma joie d’écriture.

La leçon du destrier

Il y a dans les arts martiaux des exercices de gravité et de légèreté, le travail de racines et celui de feuilles. L’équilibre naît des deux, entre ces extrêmes, passant par eux. Le passage du premier au suivant crée le rythme.

Ce va-et-vient, je l’ai rencontré chez Noro senseï, je l’ai travaillé au Judo et reconnu dans l’équitation baroque lors de ma rencontre avec Maître Louis Fabre et son cheval d’école Crepello, magnifique pur-sang lusitanien.

J’en ai fait un chapitre de mon livre « Le voyage d’un maître, entre Ciel et Terre », en vente à partir du 20 novembre 2021.

Tenir à un fil

« Le disciple préféré est celui qui vit la leçon du maître, qui la fait vivante, qui la fait vivre. De lui, le Cinquième Patriarche du Zen, Hung Ren, dit : «Depuis les temps anciens, la vie de ceux à qui ces enseignements ont été transmis n’a tenu qu’à un fil. Si tu demeures ici, tu te mets en danger. Tu dois partir sans délai. » Noro senseï a connu ces moments où la place qu’il occupait le mettait en grande difficulté. La vue de celui qui voit est insupportable à ceux qui ne voient pas. » Le voyage d’un maître, entre Ciel et Terre, p88

Une chronologie

Le Voyage d’un maître expose de manière étendue une chronologie de la vie de Noro Masamichi senseï.